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Y a d'la pomme...Yen a !

6 avril 2010

Réception estivale

La chaleur moite et assommante de la journée a laissé place à une fraîcheur toute relative.

Une douche salvatrice et hop, les corps malmenés par une éprouvante journée sont apaisés et propres. La fragrance légère d’un parfum d’été, accompagne avec délicatesse et raffinement, ce petit ensemble en lin blanc que tu portes à fleur de peau. On roule vitre ouverte pour profiter du petit soir. L’odeur de paille chaude s’est invitée dans l’habitacle. La lumière se fait plus douce, rasante. Elle inonde les chaumes fraîchement coupés. Un lièvre téméraire s’y aventure. Il semble vouloir se réapproprier les lieux après le passage tourmenté de la giganstrueuse machine à l’appétit dévorant.

Enthousiastes à l’idée de retrouver nos amis, nous stationnons le multispace dans la cour de leur jolie bâtisse perdue dans la campagne au milieu d’une végétation dense et généreuse.

Le concert que font les cailloux de l’allée sous les roues des voitures semble terminé. Tout le monde est là ou presque. La réception estivale commence ...

A mesure que la fraîcheur du soir envahit les lieux, le brouhaha qui émane de la foule endimanchée se fait de plus en plus sonore. Les murmures, de plus en plus perceptibles, se transforment tranquillement en conversations rigolardes et animées.

Qu’importe le contexte socio culturel : personnel ou pas, ganté de blanc ou pas, véhicule réfrigéré ou pas, glacières king size, baignoire en fonte, tank à lait ou bassines en galva, tout ça rempli de pains de glace et de boissons… la nappe du buffet, en tissu ou en papier, et bien cette nappe messieurs dames, comme une évidence… elle est toujours… blanche.

Tout du moins au début…

Qu’importe l’apéritif maison : planteur, punch compliqué, sangria, kir ou autre crémant au sirop de gomme, et bien cet apéro, il est toujours apprécié. En ces soirées d’été, on arrive toujours avec la pépie et le premier verre, quoiqu’un peu rude en première bouche, est toujours le meilleur même. Delerm a raison, tous les suivants n’arriveront pas à le faire oublier et à effacer son souvenir.

Celui-ci est donc vite avalé. La conversation allant bon train, on n’ose pas se déplacer vers le bar pour le remettre à niveau. Le précieux récipient en verre ou en plastique que l’on fait jouer entre nos mains se réchauffe progressivement, il devient sale et poisseux, quand il ne finit pas, tout simplement, par céder sous les assauts répétés de pressions impatientes et hasardeuses sur des parois d’un plastique désespérément cassant et sonore. Alors voilà, arrive donc le moment où on n’y tient plus et qu’il va falloir retourner vers le bar pour changer de godet. On se fraye donc un chemin au milieu de la foule parfumée. Au passage, au gré des convives on hume des vapeurs diverses et variées non sans cueillir à l’occasion quelques bribes de conversations.

Après-rasage bon marché… « Ben dis donc il a encore fait chaud aujourd’hui »…Allure Homme Sport … « Mais évidemment qu’ils sont tous dopés, t’as vu le nombre de cols qu’ils s’enfilent dans la journée ! » … Lolita Lempicka… « Nous cet été, on a loué 2 semaines à Saint Raphaël »…Eau de Cologne Saint Michel ... « T’y as su toi qu’

la Denise

elle s’était faite opérée cet hiver ? Ben oui, paraît qu’on lui a fait la totale… »

Enfin, ballotté, secoué comme à la sortie d’une cellule de Fort Boyard, on aperçoit la nappe blanche qui se rapproche, une délivrance...

Les piliers sont là, ils ont investi les lieux de bonne heure. Point besoin de point GPS, ils connaissent l’emplacement exact des plats de petits fours et leur fréquence de passage. Le buffet n’a plus aucun secret pour eux et leur verre est toujours plein.

On esquisse un trait d’humour et le barman vous ressert un verre tout neuf tout en vous gratifiant d’un sourire policé. Allez on s’y replonge… Eau Jeune… « T’as vu Nouvelle Star ? Thomas il a été éliminé, ça l’fè tro pa » …Chrome d’Azzaro… « Il est super bon Ben Zéma, mais il est encore trop jeune, il a pas la carrure pour aller au Réal »… Eau de Rochas… « J’ai adoré le dernier Guillaume Musso, comme les autres d’ailleurs »…

Me revoilà enfin avec mes copains tout près d’un érable pourpre. Nous devisons gaiement et mon verre s’est rempli encore quelques fois, sans effort, grâce au dévouement d’un convive motivé mais aussi grâce au passage apprécié des gants blancs. Je commence à voir trouble sur les côtés et j’ai du mal à effacer ce sourire niais qui illumine mon visage. Comment peut on être trahi à ce point par quelques muscles zygomatiques ? Une pause s’impose. Allez hop, un p’tit pipi dans la nature, tiens là… au pied du sapin. Très pratique pour s’accouder le sapin, c’est bien d’l’avoir mis là, si si c’est une excellente idée.

Cette mini ballade, petite bulle d’oxygène, m’a bien retapé pour le deuxième set. Allez on r’met ça. Mais tiens au fait, qu’est ce que j’ai encore fait de mon verre ? J’étais sûr de l’avoir posé là. Ah non…il est tombé par terre.

Bon allez j’y r’tourne……blablabla blablabla…Van Der Bild … blablabla blablabla…Brut de Fabergé (tiens ça existe encore ça ?)… blablabla blablabla…le barman, hilare, remet la p’tite sœur dans un verre tout neuf… blablabla blablabla…Yves Rocher… blablabla blablabla… Prout N°5… blablabla blablabla…

 

« Ah te voilà, enfin, ben t’en a mis un temps »…on t’attend pour aller danser.

Ok ok j’arrive tout de suite, je vous rejoins.

Cette fois je vais faire attention, il s’agit de le retrouver, mon verre, après le quart d’heure New wave. Tiens je vais le poser là sur ce p’tit muret en pierre, parfait. Tout seul, je peux pas l’rater.

Depeche Mode, U2, Indochine, Yazoo,… je ne savais pas que c’était une soirée 80’s. Tiens d’ailleurs, comment ça se dansait à l’époque ? Ah oui voilà, le teddy… « égaré dans la vallée infernale, le héros s’appelle Bob Morane… ».

Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas dansé comme ça, waouh ça fait du bien. Je suis en nage, pff… et qu’est ce qu’il fait soif !

Cette fois, serein, je suis sûr de retrouver mon godet.

Malheur ! Sur le petit muret, il est égaré au milieu d’une armée de verres abandonnés. Les troupes ont déserté les lieux, laissant derrière elles un champ de bataille peu reluisant… gobelets à moitié renversés, mégots de cigarettes détrempés par des fruits de sangria mâchonnés, quelques serviettes en papier salies et froissées...

Bon sang, j’ai encore paumé mon verre…

 

Alors, bien que déjà bien entamé, pour la énième fois je me rends vers le bar. La traversée, bien que chaloupée, est calme et inodore. Vu l’heure tardive les gants blancs ont abandonné la place.

Evidemment plus de verre propre, la nappe jadis blanche, ne porte plus que ça et là des gobelets usagés et quelques bouteilles de rouge entamées, y’a plus d’crémant. Allez, on rince avec ce qu’on trouve, un fond de jus d’orange, et hop un p’tit coup d’rouge par-dessus, pour la route, de toute façon, c’est tout ce qui reste.

Quand on en est là je crois qu’il est temps de prendre congé de nos convives. Les salutations faites, nous repartons vers la voiture. Toi les longs cheveux défaits, les escarpins dans une main, la mienne dans l’autre, moi la chemise froissée et à moitié sortie du pantalon, le teint rougeaud et transpirant, nous montons lentement la petite pente herbeuse du parc. Le gazon coupé depuis peu n’est pas encore humide et chatouille ta voûte plantaire fatiguée par un bal endiablé.

« Tu te rends compte chérie, j’ai paumé mon verre au moins 3 fois. A chaque fois c’est pareil. Tiens, je vais un inventer un autocollant pour personnaliser son verre dans les soirées. Je vais monter un site internet, ça s’appellera « TPMV : Touche pas à mon verre », on va avoir un succès fou.

— C’est fou c’que tu peux raconter comme conneries quand t’as picolé…

— M’enfin c’est une super idée !

Tu veux que j’te dise, si tu veux pas paumé ton verre comme à chaque fois, t’as qu’à moins boire et pis c’est tout. 

— T’as peut être raison. Bon c’est toi qui nous ramène. C’est toi l’Sam…

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